TAMAGOSHI est à vendre ou à louer pour la Saison 2010, FOR SALE or FOR RENT

mardi 7 août 2007

TRANS QUI CARTONNE

Alors voilà, mille excuses pour ce teasing involontaire, mais j’avais depuis quelques jours une connection internet limitée et je suis repartie en mer pour ramener TAMAGOSHI à bon port.

Chers amis lecteurs, merci de votre attention, et excusez notre anonyme du post précédent qui à mon avis, intuition féminine, vient d’un pays lointain où il perd petit à petit l’usage du français, mais pas son sens de la formule (bon, je vois qu’entre temps il a signé son post…)

Revenons à nos moutons, PORT BOURGENAY, dimanche 22 juillet. Le réveil sonne dans la chambre d’hôte de Talmont où j’ai élu domicile avant la course ; petit déj entre deux vitrines de bibelots, consultation d’Internet dans le salon envahi par une meute de Yorkshire vendéens dont les plus hardis me lèchent les pieds. Je quitte l’endroit avec une certitude, nous ne partirons pas. C’est dans l’air depuis hier. Une vilaine dépression se creuse sur les cotes ibériques, 35 nœuds fichier cela donne des rafales au minimum de 40nds. On a annulé le Mini Fastnet pour moins que ça. Mais il faut de méfier des certitudes.

9h30, briefing skipper : Denis Hugues annonce un départ imminent pour Santander, en route direct sans passer par Belle Ile. Bon d’accord, faut y aller alors.

Je file au bateau, prépare mon sac, Hervé m’aide pour les derniers préparatifs. Départ à droite sur le plan d’eau, bon départ, mais pas au bon endroit. Mauvais choix donc, mais je me retrouve quand même dans le match.

photo de Stéphanie Gaspari sur le bord de dégagement

Bouée de dégagement, envoi du spi, affalage devant les jetée de Port Bourgenay, ça continue vers les Sables d’Olonne, envoi du gennak… puis affalage. Vent au SE 10noeuds. La suite, c’est du près, on va chercher la bascule qui arrive avec le front.

Ca forcit dans la nuit, doucement, 20, 25, rafales à 30. Mon stick se dévisse et se fait la malle dans un "crac boum plouf" sans appel. Bon, ça commence bien ! 1ris, 2 ris, solent arisé, tourmentin ? zut, le tourmentin refuse de monter sur mon nouvel étai en textile… je le met sur le bas étai, ce n’est pas terrible…puis je vire, un peu tard dans la bascule. Pas terrible sur le classement tout ça.

Au petit matin lundi, le vent forcit, et le baro descend, descend… doucement mais sûrement.

Alternance de grains et d’éclaircit, le vent forcit, 3 ris, re tourmentin, puis, le ciel de traîne… très clair, très lumineux, et très violent. Le baro de ma montre s’affole, de 1000 à 997 hpa en moins d’une heure, dans mes cours météo, ça annonce un phénomène plutôt exceptionnellement mauvais.

Ca continue, en route directe vers Santander, je retrouve sur ma route 2 bateaux de série, dont le 480 de Véronique Morin. Les images sont splendides, malheureusement, j’hésite à quitter la barre pour prendre des photos, j’aurais aimé que vous voyiez. Côté matos, toute l’électronique fixée sur un joli support en tête de mât cet hiver s’est envolée au terme d’une longue et implacable agonie. L’électronique est courcircuitée, il me reste l’antenne et les feux de secours ainsi qu’un petit GPS portable. Je reste à la barre pour parer les déferlantes qui se creusent. Barrer sans stick, c’est assez inconfortable dans la circonstance. La mer fume dans les rafales, ca va bientôt s'arrêter, hein ? non ? ya quelqu'un ?

Véro m'informe par VHF de la neutralisation de la course, il faut rejoindre le port le plus proche. Ah bon, à ce point ? la latte de corne de ma GV joue elle aussi la fille de l’air, et ça fait flop flop, et ça me fait mal de voir à quel point mes voiles soufrent.

Dans le soleil couchant, un avion nous survole, je suis un peu fatiguée et m’imagine tout, sauf qu’il s’agit d’un avion de recherche missionné par le CROSS Etel.

Lundi soir, si la course est annulée alors j’affale tout, enfile ma TPS avec des vêtements sec et décide de rentrer à Santander sous génois afin de préserver mes voiles. Au loin des fumigènes... tiens ? j’interroge Véro qui n’entend pas mon appel. Il s’agit de Francisco Lobato qui vient de faire un 360° avec son Pogo 2 en perdant le son mât … grosse frayeur. J’atteins Santander mardi matin à 9h, à toute petite vitesse dans le vent mollissant. Surprise, il y a une ligne d’arrivée. Moi qui ne suis plus en course depuis la nuit, gloups, plus de 7h perdu dans l’histoire…

Ca me vexe, mais à l’arrivée je découvre que la course a frôlé la catastrophe. 8 déclenchements de balise SARSAT au total et une rescapée, Elodie Riou qui s’est littéralement noyée et qu’un ange gardien persévérant a su ramener parmi nous.

Ci-contre le Tip-Top de Benoit Sineau (juste avant son hélitreuillage) qui flotte démâté entre deux eaux.

Les visages sont marqués mais l’aventure vécue prend le dessus sur le coté tragique. Stéphane Bonvin porte un magnifique cocard suite à un coup de boule de « Marcel For Ever » Chacun fait l’inventaire de ses bobos matériels, les voiles, les girouettes anémos, ou des rafales de vent enregistrées (jusqu’à 53noeufs dans la zone où l'on se trouvait)Et toi Bertrand (Delesne) rien de cassé ? Gros soupir et il lâche d’un air désolé «ben si, nous on a perdu un lazzy-jack (rien d'autre) » ça me fait marrer, aaaah les bateaux de série (il navigue en Mistral 650) ah oui, évidemment, mais en 4 jours d’escale à deux équipiers ils devraient s’en sortir… Il a mis sur son blog une petite vidéo de l'étape.

La flotte a pris des airs d’un troupeau d’Albinos à cause des paquets d’eau salée reçus dans le visage, j’ai les yeux bleus fluo et qui pleurent.

Et puis on est en Espagne, c’est cool, le rythme se cale tout de suite sur fond de tapas et de légèreté. 4 jours de repos bienvenus. Je partage une pension de famille avec Isabelle Joschke, brillante vainqueur de l’étape.

Pour le retour (départ le samedi 28), le scénario s’est inversé, de la molle, voire de la pétole. Plus tranquille mais pas forcément plus facile. Ce sont des conditions parfaites pour les insomniaques et les plus tenaces.

La veille du départ, en montant dans le mât pour remettre une girouette et la drisse de Grand Voile, horreur et frissons, je découvre qu’un ancrage de barre de flèche s’est délaminé, au 2e étage du mât.






Après réflexion j'ai trouvé la cause, accidentelle. Dernière journée de gros labeur donc, pour réparer ce point névralgique. Merci à Yves et Sly pour les outils et la colle, Annabelle (qui va poirauter longtemps sur le pont à me regarder bricoler et manque d'attraper un torticolis) Stéphane (spécialiste du rivet pop) Louis et son coaching, Stéphanie pour les courses, Mumu (Hermine, une as du carénage), Isa et tous les autres pour leur précieuse assistance

Nos bateaux sont amarrés en bordure de chenal à Santander et il y règne un chaos infernal de houle qui provoque quelques chevauchements de mâts et chocs contre les pontons. Grâce à nos coups de gueule et au Président du Comité de course nous parvenons à remettre de l'ordre. En haut des mâts c'est la foire du trône...


Je termine cette dernière journée à l’horaire espagnole, dans la nuit, et complètement cuite de soleil et fatigue.

Qui se paiera la première nuit de course, celle où il ne fallait pas dormir. Pas trop aidée non plus avec un départ moyen déjà massacré par le chalutage de mon gennaker préparé sur le pont pour l'envoi à la bouée de dégagement. Catastrophique, départ de Santander dans les pires conditions.

Et la scoumoune s'acharne, la réparation de ma drisse de grand voile (passée à l’extérieur) cède et la deuxième journée de course se termine sous un ris, sans gennaker puisque la drisse sert pour la GV Bref, tout à l’envers. Et à la bourre. Victoire totale d’Yves Le Blévec, 2e Peter Laureyssens, et 3e Isa. De mon côté, je termine 15e proto (sur 23 inscrits dans la catégorie) Pas vraiment de quoi pavoiser mais on a aura fait l'aller retour.

En série Nicolas Bunoust signe une superbe performance. Aaah et si je transformais Tamagoshi en bateau de série, pour me concentrer sur la nav plutôt que le bricolage ??? Je pense mettre Tamagoshi un peu en vacances pour évacuer quelques frustrations. Histoire de me rappeler que j'ai déjà fait vécu de plus beaux jours sur des bateaux de course.

Pour ce qui concerne la première étape, je retiendrais plusieurs enseignements :

  • On est toujours libre de ne pas prendre le départ d’une course même si ce n’est pas dans notre culture française
  • Ou de rebrousser chemin quand la mer est trop forte, comme l’ont fait quelques concurrents (Antoine Debled ou le Dingo « Guyader » notamment)
  • Ceci dit, l’expérience vécue valait le coup d'être traversée, sauf qu'il faut préparer son bateau à l'éventualité du très gros temps(à force de précautions, on affronte maintenant rarement de telles conditions en course)
  • mon 3e ris est trop bas, ça laisse trop de surface quand le vent souffle à + 40nds cela mériterait un 4e ris discret mais efficace, la voile de cap nécessitant d'affaler toute la GV, ce qui n'est pas très pratique dans le gros temps.
  • je ne me suis jamais sentie en danger car les vagues me bousculaient sans faire de sale coup, cependant peut on se sentir mieux à l'aise en proto plutôt qu'en bateau de série ? tout compte fait, 3 bateaux sur les 8 en détresses étaient des protos et l'un deux d'entre eux ont subi soit un 360° soit 270° ...on a compté 3 retournements parmis les bateaux de série et un autre s'est rempli d'eau.
  • il fallait mieux ne pas trop quitter la barre ! tous les accidents sont arrivés alors que les skippers se trouvaient à l'intérieur ou sous pilote.
  • les premiers ont moins soufferts : moins de vent à l'aller, plus de vent au retour. Comme quoi, il faut toujours mieux être devant (je sais c'est con, mais c'était la vérité vrai du moment)
  • Tamagoshi a été bien construit !
  • sinon, je suis assez contente de n'avoir pas eu à sortir mon radeau de survie par la trappe arrière du bateau car franchement, c'est un truc qui m'a souvent paru surréaliste. on devrait en reparler bientôt avec la Classe Mini d'ailleurs.

  • La Transgascogne, Seb, ce n'est plus ce que c'était : un léger coup de vent au départ, 2 j de régate dans la molle, 3 j de fêtes à l'escale et retour au portant sous légère brise...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

bon en tous cas c'etait un bon test pour vous trois... ca na pas du effrayer Herve habitue a pire j'imagine... En tous cas j'aurai aime y etre... a la premiere etape seulement, parceque petole + teuf = ronflette pendant la course, comme en 2003. Eclaire moi sur un truc, a 40/45 nds je fonctionnais sous solent arise + 3ris, les voiles super vrillees, le haut des voiles (et plus particulierement la gv en drapeau en haut des vagues), c'est vrai que tu as un peu l'impression de dechirer des billets de 100 boules mais ca fonctionne bien. Avec 4 ris + tmt, tu n'etais pas sous toilee en bas des vagues ?
Quant au bateau de serie, tu as pense au Sun 2000 ? En plus tu peux choisir la couleur du gel-coat...
tshaw Seb

Tamagoshi a dit…

Salut Seb,
j'ai fonctionnée la plupart du temps sous 3 ris solent arisé parce que je pense qu'il ne faut pas être soustoilé dans ces conditions et vite remonter en haut des vagues.
Par contre au plus fort du truc (ciel de traine) et près des cotes ibériques, il a falllu mettre le tourmentin, et mon 3e ris laissait pas mal de surface encore (guindant à plus de la moitié du mât) Je n'ai pas comparé avec d'autres voiles, mais cela me semble quand même assez important. En fin d'après midi on a eu jusqu'à 50/55 nds dans les rafales.
Là je pense qu'un 4e ris ou la voile de cap aurait été adapté (?)
le pb surtout c'est que ma latte s'est barrée du fourreau, sans cela la corne fait bien son office et décharge de la puissance.
sinon j'étais en solo (Hervé a fait le prologue)

pour le bateau de série, je pensais plutôt à un Tam-Tam ;-) il y a en a un à la Rochelle avec une déco sympa, vert au dessus et vert au dessous aussi (barre verte)

Anonyme a dit…

arghhh... Je me sens le niveau intellectuel d'une moule belge... et encore, prépubère, la moule... Je comprends rien à ce que vous dites... Mais je vais bosser, promis ( c'est vrai, quoi, on a pas idée de fréquenter un blog de matelots quand on pense que la trinquette, c'est ce qu'on fait avant de boire un coup avec les copains quand on est poli... ).
Isa

Anonyme a dit…

50/55 nds ca doit commencer a faire des gouzi gouzi dans le pilou pilou (c'est pour qu'Isa comprenne), tu as des ballasts ? Comment les as tu utilises ?
As tu ete couchee par des vagues ?

Seb

Anonyme a dit…

Enfin un homme qui sait parler aux femmes!!!... Merci Seb.
Isa

Tamagoshi a dit…

Meuuuuh non, Isa, t'es pas belge !
si tu veux je te donne l'adresse de Seb pour qu'il t'explique (par contre gouzi gouzi, pilou pilou, c'est du vocabulaire de discussions coquines, je te préviens)

bon Seb : Juste un ballast d'inertie en avant du mât, il était plein.
je le remplis dès que la mer passe à "peu agité" ou par mer calme avec du vent (sinon le nez se barre à droite/gauche)
non je ne me suis pas vraiment fait ecoucher.
par moment il y avait de bonnes déferlantes, et ça venait balayer le bordé, une fois ou deux je suis tombée dans la bôme.

Anonyme a dit…

ce que je cherchais, merci