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samedi 13 octobre 2007

Es tut mir leid Isabelle !

Il y a une petite semaine j'allais vous annoncer un truc sympa au sujet des ministes en course sur la Transat 650.
Ayant réussi à joindre certains d'entres eux par mail ou tél ils ont accepté de répondre à 2 petites questions de circonstances juste avant leur départ de Madères.
J'allais donc vous parler de ceux là à travers un petit portrait.

Et commencer par Isabelle Joschke... Et puis boum patatras, l'annonce est tombée sur le site de la Transat 650 Isa ne gagnera pas cette fichue course.
Suite à une avarie de bout dehors, Isa a dû mettre en panne, j'imagine la scène, se dire, garde ton calme cocotte, on a une pièce de rechange à bord (typiquement le moment où l'on se félicite de sa grande clairvoyance, ou l'on béni le bon conseil de l'assistant technique ou du chantier) Affaler tout, essayer de réparer, y arriver, repartir, souffler un coup et vouloir tout renvoyer vite pour ne rien perdre sur les camarades au planning, repartir donc, naviguer de nouveau, voir le chrono s'affoler, se féliciter de nouveau, sourire, rire, jubiler, et puis..... crrrrrrac, boum, vlan.... le vrac de nouveau, la nouvelle réparation, la même auto-satisfaction, quoique l'inquiétude, une fois, deux fois et, dans l'ultime craccc boumm, le bout dehors qui se fait la malle, les espoirs qui s'envolent avec le bout de carbone.
Ne pas penser, ne rien se dire, juste récupérer les morceaux, préserver le matos, et puis ranger, et puis soudain réaliser... Que le rêve vient de se briser net, comme cette piece traitresse, et que...il n'y a plus de mots. On est seuls pour apprécier le bonheur, et seuls pour supporter l'infâme tour de passe passe du destin. Alors ensuite, que faire ? Abandonner et rebrousser chemin (les traces de son parcours l'indiquent clairement) ? tenter de joindre les concurrents alentours, ne plus savoir, hésiter, se trouver des bonnes raisons de continuer, et tout à coup retrouver un sens à tout ça, le sens de la marche, continuer d'avancer, abattre et choquer les voiles vers un Océan capricieux.
Devant il y a des iles (le Cap Vert), une escale possible donc à Mindelo, les autres minis, une formidable conquête maritime sur un petit bateau de 650, de l'expérience à acquérir donc, et pourquoi pas, une nouvelle page à écrire, dans un style différent .
Devant pour Isa, il y a un Vendée Globe.

Alors je pense qu'elle a décidé de poursuivre afin d'aller jusqu'au bout de l'aventure, au risque de subir un classement qui ne reflètera pas tout l'ampleur de son talent.
Ainsi est la Transat 650. Une course très différente de toutes les épreuves de la saison. Une épreuve de fond. Où l'on a toutes les chances de ne pas arriver compte tenu des nombreux paramètres en jeu.

Le bon côté des choses, si elle repart du Cap Vert comme je l'imagine, c'est que ses petits camarades de jeux lui réserveront surement un accueil triomphal à Salvador ! Maigre consolation sur le coup de sa déception mais souvenirs garantis pour la vie. C'est l'avantage de fermer le bal, il y a toujours un comité nombreux et reposé pour vous accueillir dignement.

Isabelle aime profondément son bateau et naviguer sur l'océan. C'est une personalité intransigeante et méritante qui ne doit pas grand chose à une prédestination quelconque sur le plan matériel. Ni héritière d'une grande famille bavaroire, ni fille d'un chef d'entreprise futur sponsor comme on le voit sur d'autres circuits, elle a su se créer les contacts, attirer les compétences autour d'elles, en débarquant simplement avec sa camionnette à la Trinité sur Mer début 2004 où je l'ai rencontrée un jour sur le parking du supermarché, intriguée par l'immatriculation allemande de cette skippette mini dont le bateau venait de trouver sa place au port. Pour cette édition 2007, sachez seulement qu'elle a failli ne jamais partir, tant elle a dû se battre pour mettre en place toutes les ficelles financières de son projet. Mais Isa, croyant dans ses chances, n'avait heureusement pas attendu pour commander son bateau et engager son programme de courses. Quand on veut vraiment qqch, tout fini par arriver, même s'il faut vivre une nouvelle année de vaches maigres et si le budget ne vous permet toujours pas un salaire décent. Bref, en prenant des risques (les bons) et en croyant fermement à ses chances, les portes peuvent s'entrouvrir. Reste à caler son pied dedans, puis le genoux, balancer un coup d'épaule, puis un grand coup de pied dans la suivante pour foncer de pièces en pièces vers le succès.
Bref, la demoiselle a du mérite, beaucoup de mérite. Et ce que j'apprécie beaucoup chez elle, chose rare dans le milieu pro, c'est son recul sur les choses et ce qu'elle vit. Licenciée en lettres, Isa a plein d'autres envies, apprécie l'aventure, le voyage, les cultures. Vous lui parlez d'Ernest Schakelton et de l'odyssée de l'ENDURANCE et ses yeux s'allument. Si son bateau porte le nom de baptême d'EVA LUNA c'est en référence à un roman qui l'a beaucoup marqué, d'Isabel Allende (1987) le destin et l'ascension d'une femme sud américaine, ses rencontres avec des peronnages extraordinaires entre rêves et réalités.
Ces derniers temps, avant le départ, plus rien de comptait que son objectif, la Transat, et la victoire. Cela vous oblige à un certains retrait vis à vis des autres, il faut rentrer dans sa bulle, oublier un peu de s'occuper du reste, pour ne penser plus qu'à son but. Je l'ai déjà remarqué chez d'autres vainqueurs.
En cas d'échec, la chute n'en est que plus dure, mais avec une telle personnalité, Isabelle saura se recadrer vite fait -bien fait surtout- vers d'autres apprentissages pour aller au bout de ses rêves.


INTERVIEW d'ISABELLE JOSCHKE AVANT LE DEPART :
la 1ère étape ?
c'etait le bonheur integral, je sais pas quoi dire de plus. Le depart etait un grand moment, car symboliquement c'est l'aboutissement d´un projet de 2 ans. Mais il y a une pression que nous ne ressentons plus a l´escale...
L'escale à Madère
L'arrivée ici, c'était genial et Madere super sympa. Des vraies vacances et on commence a tous se connaitre, c'est chouette.
La 2è étape :
Maintenant c'est le grand saut, oui, j'ai envie d'y aller, de me defoncer et de profiter pleinement de ce bateau qui est une merveille.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Caro, pour ce reportage! Tu fais vraiment ça bien.
Bises

Isa

Anonyme a dit…

Super papier sur une future grande championne ... et pourquoi ce que tu écris pour elle ne s'appliquerait pas à toi ... car des coups durs, tu en as connus ... alors, qu'il a-t-il au bout de ton chemin. D'après ce que j'ai lu, Isabelle va passer en Figaro et à Port Laf' on aimerai bien en faire la première femme a gagner un Figaro. Madame Grégoire (que je respecte et salue!), vous êtes prévenue ... Christian

Tamagoshi a dit…

Merci à vous.
pour répondre à une question sur ma comparaison entre projet d'Isa et d'autres séries, j'ai juste voulu comparer avec des projets type Figaro (cela s'applique aussi au mini en fait) où l'environnement familial pouvait permettre de mettre le pied à l'étrier plus tot. C'est plus facile de commencer la voile pro avec un bateau qu'on vous achète, qu'en partant de zéro. Mais peu importe en fait, car pour arriver au somment la route est aussi dure.